CGE – Bat 2 -Mme Auradé
Semaine du 16 mars : corrigé des activités
L’individu face au système
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Question initiale pour lancer la réflexion :
Selon vous, pourquoi peut-on vouloir être « seul contre tous » ?
° Parce qu’on déteste le genre humain : MISANTHROPIE
Ex. Le Misanthrope, Molière : Alceste, le héros de cette pièce de Molière, veut fuir la société des hommes qu’il trouve hypocrites et détestables. C’est le cas aussi de Jean-Jacques Rousseau, qui commence sa première Rêverie du promeneur solitaire par cette phrase :
« Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même ! »
° Parce qu’on rejette la société actuelle : refus du capitalisme, du consumérisme.
Ex. : Captain Fantastic (à suivre : analyse la semaine prochaine).
Ex. : Into the wild, Sean Penn, film qui raconte l’histoire vraie de Christopher Maccandless, parti loin de la civilisation américaine pour retrouver une vie plus proche de la nature.
Entre-temps, il comprend que la solitude n'est pas l'idéal de l'homme. Chris est un jeune homme aimé de tous, mais, aveuglé par son rêve obstiné de l'Alaska, Christopher ne perçoit pas le bonheur que peut procurer l'amour de l'autre. Il en prend conscience en lisant les lignes d'un ouvrage de Tolstoï qui décrit le bonheur parfait dans une microsociété rurale. Peu de temps avant sa mort, Christopher McCandless écrit au stylo sur une page d'un livre « Happiness only real when shared » (« Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé »). (SOURCE - wikipédia)
=>Retour à la nature, à des valeurs premières, essentielles, primitives.
° Parce qu’on a connaissance ou conscience de faits d’intérêt général, et qu’on veut mettre en garde le groupe : on dénonce les travers du système pour l’équilibre du groupe : LANCEUR d’ALERTE / DESOBEISSANCE CIVILE.
Ex. Julian Assange, Snowden (Citizenfour)
On peut aussi être seul à défendre des pensées révolutionnaires, avant-gardistes, anti-conformistes : pensez à Galilée, physicien du XVIIès qui a prouvé, par l’expérience, que la terre tournait autour du soleil (héliocentrisme de Copernic), contre la doctrine religieuse et l’Inquisition.
2.La désobéissance civile :
-Cherchez une définition de ce concept.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Désobéissance_civile
Refus délibéré et public de se soumettre à une loi, au nom d’un idéal. Celui qui revendique sa « désobéissance civile » refuse ouvertement d’appliquer une règle, mais au nom d’une idée : c’est une forme de résistance, de combat pacifique.
Voir l’exemple de Thoreau qui refuse de payer ses impôts pour ne pas financer une guerre qu’il réprouve.
ATTENTION: Sortir de chez soi pour braver le confinement n’est donc pas un exemple de désobéissance civile, au contraire : on le fait par égoïsme ou inconscience, sans comprendre que les règles imposées en ce moment concernent la SANTÉ PUBLIQUE (propagation de la pandémie, saturation des hôpitaux) : elles doivent être strictement suivies par tous pour la sûreté du groupe (personnes fragiles / soignants), pour endiguer au plus vite l’épidémie et donc pouvoir sortir de ce confinement pénible.
LISEZ LES JOURNAUX, attention aux infox.
-Lecture et confrontation des deux documents distribués :
Extrait de Antigone, Sophocle, chanson « Le déserteur », Boris Vian.
QUESTION : En quoi Antigone et le déserteur font-ils acte de désobéissance civile ?
Les deux personnages agissent en pleine conscience, et ouvertement : « Le Déserteur » est une chanson qui prend la forme d’une lettre ouverte au président, et Antigone admet dès sa première réplique qu’elle a transgressé la loi intentionnellement.
Dans sa célèbre chanson, Boris Vian met en scène un objecteur de conscience (1954) : moins de dix ans la deuxième Guerre mondiale, dans un contexte de décolonisation (guerre d’Algérie : 1954-1962), ce personnage refuse d’obéir à l’injonction d’intégrer l’armée, et refuse de devoir donner la mort au nom de la nation. Il n’a pas peur de mourir, ce n’est pas la lâcheté qui le motive : il ne veut pas porter les armes et risquer de « tuer des pauvres gens ».
Dans la pièce de Sophocle, on voit le conflit entre Antigone, fille d’Œdipe, et Créon, le roi (son oncle). Pour des raisons politiques, ce dernier a interdit qu’on enterre Polynice, le frère d’Antigone et la jeune fille ne peut accepter de laisser ce dernier sans sépulture. Elle invoque une autre « Justice » : la loi religieuse, sacrée, familiale qu’elle oppose à la loi humaine. On ne peut laisser un homme sans sépulture. Elle dénonce ainsi les excès du roi.
Au nom d’un idéal qui les dépasse, ces deux personnages refusent de se soumettre à la loi, et ils risquent leur vie : Antigone mourra enterrée vivante, et le Déserteur s’achève par ses mots : « Si vous me poursuivez, / prévenez vos gendarmes / que je n’aurai pas d’armes / et qu’ils pourront tirer. »
3.Les lanceurs d’alerte :
Lire les deux documents : Lary Gonick et Tim Kasser, Hypercapitalisme
Thomas Schauder, « Lanceurs d’alerte : désobéir, jusqu’où ? »
Exercice type écrit personnel :
Selon vous, peut-on justifier la désobéissance à la loi dans certains cas ? Si oui, lesquels ?
« Dura lex, sed lex », la loi est un des fondements de la démocratie et une nécessité à la vie en groupe. Dans quels cas peut-on concevoir une légitimité à la contourner ?
°Un lanceur d’alerte cherche à dénoncer une situation ou à mettre en lumière un fonctionnement qu’il juge immoral, injuste, dangereux, contraire à l’intérêt général… Pour ce faire, il se met hors la loi et risque la condamnation, mais il le fait non pour son intérêt personnel mais pour tous.
Cynthia Cooper, dans la BD de Gonick et Kasser, dénonce les fraudes de son entreprise, Worldcom.
Le groupe Greenpeace, dans l’article de Thomas Schauder (Le Monde, 2019), cherche à montrer les faiblesses de la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle.
Vous pouvez aussi penser à 120 battements par minute.
°Faire progresser la loi: en effet, ce genre de comportement permet aussi à la société dans son ensemble d’avancer, à la loi d'évoluer.
*Ainsi le mouvement des Droits civiques, aux Etats-Unis, part-il d’une contestation qui nous semble aujourd’hui légitime : la défense des droits humains.
Ex. : Martin Luther King / Black Power -pensez à la figure emblématique de Rosa Parks, qui refusa de céder sa place à un Blanc, dans un bus de Montgomery (Alabama), en 1955 => lutte contre la ségrégation raciale dans les états du Sud.
Ex. de films sur cette période ou sur la question du rapport entre l’individu et la loi :
Malcolm X, Spike Lee, 1993
I am not your Negro, documentaire de Raoul Peck sur James Baldwin, 2017
Loving, Jeff Nichols, 2017
Queen and Slim, Melina Matsoukas, 2020
Voir aussi Invictus,Clint Eastwood, 2010, Harvey Milk, 2009, Gus Van Sant.
*Autre ex. très connu : le Manifeste des 343, en 1971, des femmes célèbres déclarent avoir avorté, pour demander la légalisation de l’avortement : loi Veil 1975
Le 5 avril 1971, le Nouvel Observateur publie le Manifeste des 343, qui contient une liste de 343 personnalités qui déclarent avoir avorté. Elles revendiquent, symboliquement ou non, avoir commis cet acte contraire à la loi et demandent sa légalisation. En 1972, lors du procès de Bobigny concernant une femme ayant avorté à la suite d'un viol, Gisèle Halimi, avocate, plaide, en accord avec les accusés, la désobéissance légitime. L'accusée s'écrie devant le juge : « ce n'est pas moi qui suis coupable, c'est la loi ! ». En 1975, l'avortement est finalement autorisé. On voit nettement dans ces exemples le caractère civil ou civique de la désobéissance : revendiquer publiquement en justifiant la légitimité, au risque d'être condamné, réunir un grand nombre de personnes en misant sur la justesse de l'action, organiser une campagne d'opinion afin de favoriser un débat public, le tout pour promouvoir une modification de la loi afin que la légitimité coïncide avec la légalité démocratique. (SOURCE - Wikipédia)
POUR COMPLETER :
Regarder le documentaire Citizenfour, de Laura Poitras (sur Edward Snowden).
L’ennui
Lire l’extrait de L’Etranger – reformuler les idées du texte en répondant aux deux questions.
-L’ennui de la vie en prison :
emprisonné, privé de liberté, le personnage principal, Meursault, n’a plus la possibilité d’agir librement. Camus affirme que la punition infligée au prisonnier est précisément cette inaction qui l’accable. Meursault perd ainsi jusqu’à la notion du temps.
-La réaction du personnage peut étonner le lecteur : il est soumis, il n’exprime aucun sentiment de révolte : passivité du narrateur qui accepte la violence de sa condition.
La question qu’il se pose est la suivante : comment tuer le temps ?
°Eloge du pouvoir de l’imagination et du souvenir :
1-se remémore le plus précisément possible sa vie passée, décrit son appartement ;
2-il se raconte et re-raconte l’histoire du Tchécoslovaque.
°Fuite dans le sommeil, considéré comme une léthargie dépressive qu’on peut comparer à l’extrait de Un homme qui dort, de Pérec, ou au roman Mon année de repos et de détente (Otessa Moshfegh) : ici le sommeil est un autre moyen d’atteindre l’oubli.
Décompte précis du temps qu’il doit occuper.
Fatalité – absurde « on s’habitue à tout ».
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Conclusion : Meursault n’a pas la chance d’avoir des livres à lire et un BTS à préparer… Bon courage pour les prochaines semaines.